Organisée par le CRC1(h) Jacques d’Arjuzon, par l’intermédiaire de notre camarade le CRC1(h) Daniel Kan-Lacas, (promotion 1969), Consul honoraire de Pologne à Montpellier, cette visite nous a permis de découvrir l’ancien Hôtel de Monaco, actuellement Ambassade de Pologne, rue St Dominique à Paris, à proximité des Invalides.
La princesse de Monaco, divorcée du prince Honoré III de Monaco, qui habitait l’actuel Hôtel de Matignon, voulut avoir, elle aussi, sa demeure parisienne. Fort riche, elle s’adressa à l’architecte Brongniart (celui qui construisit la Bourse) pour créer en 1774 son Hôtel de Monaco, sur un terrain proche des grandes demeures du Faubourg St Germain.

A la Révolution, le palais, qu’elle a loué à l’ambassadeur de Grande-Bretagne, est saisi, puis affecté à l’ambassade de Turquie. Il est attribué à Siéyès qui, en 1808, le vend au maréchal Davout, En 1823, à la mort du maréchal, sa veuve loue l’hôtel de Monaco au Comte Apponyi, ambassadeur d’Autriche, puis en 1838, le vend à William Hope, fils d’un banquier anglais installé à Amsterdam. Hope vit à Paris et il y est célèbre pour son immense fortune et pour les fêtes grandioses qu’il a coutume d’y organiser. S’inspirant des modèles de Versailles et du Palais-Royal, Hope transforme complètement l’hôtel de Monaco proprement dit et en agrandit les jardins et les dépendances. A l’intérieur du bâtiment, l’impression imposante demeure, mais elle est vite dépassée par celle d’un luxe parfois  ostentatoire. Le premier étage est réservé aux réceptions. On y accède par un escalier droit, impressionnant, couvert d’une voûte à caissons. Dans les salons luxueusement décorés, l’éclectisme triomphe: antiquité, renaissance, XVIIe siècle sont mêlés. L’impression générale d’opulence, qui était encore renforcée par l’exposition des magnifiques collections de Hope, convenait aux réceptions fastueuses qui y furent données. William Hope meurt en 1855L’hotel est alors adjugé à un autre banquier, le baron Achille Seillière. A sa mort, en 1873, sa fille Jeanne, mariée à Boson de Talleyrand-Périgord, prince de Sagan, en hérite. Pendant un quart de siècle, l’hôtel de Talleyrand est le siège de splendides réceptions, de bals costumés et de fêtes éblouissantes. Puis, de 1909 à 1936, il est la propriété de Jacques Seligman, marchand d’art, avant d’être acquis par la République de Pologne pour y déplacer son ambassade, lorsque les travaux de l’exposition universelle chassent celle-ci du quai de Tokyo où est édifié le Palais des Arts modernes. Après avoir été utilisé par l’Allemagne pendant la guerre de 39/45, puis siège temporaire de la République de Pologne, il fut remis à la Pologne, dont l’Ambassade l’occupe depuis et y a installé tableaux et mobiliers venant de Pologne et l’a magnifiquement restauré.
Notre guide, Monsieur Piotr Blonski, attaché de presse à l’ambassade, nous fit revivre avec brio et érudition ce passé brillant et agité. Ici, dans le salon de musique, Frédéric Chopin donna son premier concert parisien. Et, à la fin du XIXe siècle, la princesse de Sagan (dont le personnage inspira Proust)  y organisait les bals costumés les plus fastueux de la capitale,