Quelques impressions sur ce voyage par le Commissaire Général Michel Renvoisé :

Dès notre arrivée à Naples après un vol sans histoire, accueil par une hôtesse de l’agence locale d’Arts et Vie, organisatrice de notre périple, et embarquement du groupe dans un bus vers le lieu de notre villégiature, Sant’Agata sui due golfi. Comme son nom l’indique, il perche sur la presqu’île qui sépare le Golfe de Salerne et la Côte Amalfitaine à l’Est du Golfe de Naples et de la Côte Sorrentine à l’Ouest, dans le prolongement de laquelle émerge Capri.

Naples en effet mis à part son exceptionnel musée archéologique fut décevant, éventré par les travaux d’un futur métro commencés 17 ans plus tôt et devant se terminer en … ( chut ! pas de propos inopportuns, les questions posées à Marie sur l’art napolitain de l’administration recevant des réponses évasives ; comprendre, des fins de non recevoir ). Les places du centre sont cachées par des palissades et le théâtre San Carlos, idole des opéraphiles, est recouvert de bâches. Il eut fallu plus de temps, nettement plus, pour aller au-delà, dans les rues et places popularisées par le cinéma de Rossellini et De Sica

Cette déception oubliée, nous avons commencé  notre parcours vers l’Est. La côte Amalfitaine est une splendeur ensoleillée quand on la découvre par une matinée heureusement radieuse, dominant de la route un enchevêtrement quasi « disneyen » de ses clochers, tours, maisons, palais, ruelles. Une heureuse initiative nous permit de la longer en bateau, à une petite encablure de rochers calcaires, blancs comme au début du monde, creusés de grottes, supportant les hameaux, villages, villes successives aux histoires millénaires par l’effet de miracles dont un peuple croyant reste nourri. 

A l’Ouest, Capri nous attendait. Ah ! Capri. Décors multiples pour voyages de noces ( certains ne manquèrent pas d’évoquer leurs souvenirs ) et pour le cinéma, inspirant metteurs en scène,  des nanars tels «  Naples au baiser de feu », le  romantisme de Billy Wilder, la vision sombre de Gomora ( interdiction d’insister ),  des icones mondiales, Sophia Loren et d’autres ; un coin de légende qui continue à faire rêver malgré la cohue des bateaux et des touristes photographes. On y vient pour y être allé …

L’autre vedette était inaccessible, la Grotte Bleue, à cause d’un clapot parfois insistant laissant le choix entre la douche après y être entré à bord de frêles esquifs raz sur l’eau ou la contemplation de son entrée depuis une navette plus protectrice.

La montée à Anacapri en funiculaire justifierait à elle seule le voyage, avec la visite de la Villa San Michele d’Axel Munte surplombant une partie de l’ile, avec vue vertigineuse sur le port de Marina Grande.

De grands moments, ce furent aussi Sorente, sa cathédrale et ses rues multicolores, puis le site gréco-romain de Paestum où se dressent trois temples miraculeusement préservés.

 Et puis Pompéi où nous attendait une bruine vite asséchée. Pompéi n’est pas spectaculaire, sauf par l’immensité du site, mais intensément émouvante lorsque l’on oublie les guides et déambule dans le pays de ces ancêtres, il y a vingt siècles, voyant ce qu’ils regardaient, le ciel, la mer, le Vésuve. Nous franchissons leurs seuils oubliant que leurs maisons sont en ruines pour retrouver l’art de vivre de leurs bâtisseurs ( pour la partie au moins de la population dont la vie était un art ) : les fresques sont impressionnantes de vigueur et d’imagination et les décorations accessoires présentent une délicatesse et une perfection dans le dessin de fleurs, de feuillages, d’oiseaux, de petits animaux, que l’ont dirait fait de la veille.

Dans ces demeures et ces rues étaient des gens comme nous, profitant de la vie ou la subissant, l’esprit orné de croyances qui faisaient le tissu de leur civilisation qu’un fatum, imprévisible, inimaginable a effacé d’un coup. Qui l’a voulu ? Qui l’a permis ? «  Où étaient ces  dieux qui n’eurent pas pitié d’eux ? » Même interrogation plus tard à Lisbonne par exemple, en 1755. « Dieu, où étais-tu, que faisais-tu quand ils te suppliaient ? » ( Cf. Voltaire pour les mordus de la métaphysique ).

A Herculanum, la dimension est moindre. D’un coup d’œil on embrasse la cité, la partie au moins que les archéologues ont mis à jour. Un quart. Le reste est inaccessible et le sera longtemps ( à jamais ?).

Ainsi les impressions sont différentes.

 Pompéi, une plaine urbaine, avec ses voies au cordeau, ses théâtres, son forum, ses thermes, la vue élargie jusqu’au limites de la ville dégagée, et le Vésuve.

A Herculanum, une partie libre mais dominée par des maisons hétéroclites, des immeubles, certains récents, que l’on a laissé construire sur un site oublié. Mais, dans le bas de la ville, des caves grillagées rassemblent des corps figés par la catastrophe, des êtres vivants passés en quelques moments douloureux de la vie à l’éternité – ou au néant.

                                        ******

Le dernier acte, l’ultime, l’emblématique : le Vésuve. Et son sommet. Atteindre le cratère ? Impossible par des pentes aussi raides. Sauf qu’à mi-chemin trois montées peu inclinées de quelques centaines de mètres, avec aux intersections des paliers pour le repos, l’admiration, les photos panoramiques, amènent sans difficulté à la zone finale, le cratère. Le contempler, se pencher ( si, si ) vers ses fumeroles, sans danger, nous assure-t-on. Un moment rare inscrit désormais dans la mémoire.

Le temps brusquement couvert n’a pas permis d’en faire le tour mais a hâté la descente, démarche détendue parce que l’exploit est accompli, mais délicate , la pulvérisation du sol nécessitant une attention à chaque pas.

Au retour, ne manquez pas de dire à des amis qui ne connaissent pas la région, et ont eu l’inélégance de ne pas nous accompagner, que vous avez grimpé jusqu’à ce sommet, réalisant la performance d’avoir été présent sur l’un des plus célèbres du monde. Une lueur admirative apparaîtra dans leurs yeux, et plus si affinité.

 compte rendu du voyage ici