La quinzième conférence d'automne de l'ACORAM Ile de France, en partenariat avec l'AEN et l'ANCM s'est tenue le mercredi 19 novembre 2014 en l’amphithéâtre Desvallières de l'Ecole Militaire. Le thème en était "la construction navale française face à la maritimisation du monde"

Ancien Président de DCNS, Président du GICAN, Patrick Boissier nous a brillamment présenté ce sujet d'actualité.

 

 Les espaces maritimes, avec le développement de la mondialisation des échanges, sont aussi bien des lieux de transit que d'exploitation et concernent, par exemple, plus de 1500 Milliards d'€ de chiffre d'affaires.... Offshore, aquaculture, pêche, pétrole, gaz, autant de secteurs en croissance. La mer, ce sont aussi des sources d'énergies nouvelles : la force des vagues, qui peut générer une énergie équivalant  à celle de plus de 45 centrales nucléaires, l'extraction d'eau douce, les ressources biologiques, sont autant de secteurs à développer. Mais le milieu de la mer, immense, difficile, présente des défis technologiques à relever, avec des financements lourds, et dans la durée. Peu de nations sont capables de les affronter. D'importantes évolutions le bouleversent : les changements climatiques vont ouvrir les routes maritimes de l’extrême nord : le passage du Nord Ouest n'est plus un mythe. Le centre de gravité économique mondial passe de l'Atlantique au Pacifique, la territorialisation des fonds marins rétrécit la haute mer, dix milliards de tonnes sont transportées chaque année par des navires de plus en plus gigantesques (bientôt 20 000 containers sur un seul navire!). Ceci induit une baisse du coût du transport qui devient quasi négligeable pour de nombreux produits. Tout ceci entraîne de plus en plus de problèmes de sécurité (surveillance maritime, piraterie, espaces stratégiques) et d'environnement (risques de pollutions), voire d'infrastructures (élargissement du canal de Panama, installations portuaires adaptées).

Du coté français, nous avons 8% des ZEE mondiales avec 11 millions de Km2. L'économie maritime française représentait 60 milliards d'€ en 2013, et 300 000 emplois ( plus que la banque et l'automobile...). Les industries maritimes sont supérieures à celles de l'aéronautique, et moins médiatisées, elles représentent 2.5% du PIB et 1.5% des emplois.Nous avons des ressources : gaz, pétrole, ressources halieutiques, nodules,sulfures,métaux rares...Nous faisons des recherches pour exploiter les énergies marines (le seul Raz Blanchard = 1000 Mw), la biomasse, et sommes bien placés dans ces domaines.

La construction navale européenne est en croissance (plate-formes, paquebots, porte containers) mais c'est un marché cyclique et volatil.La construction navale s'est déplacée de l'Europe vers le Japon, puis la Corée et la Chine. L'Europe conserve encore une part significative sur des domaines spécialisés : paquebots, navires militaires. Mais cela reste un marché domestique.Le marché américain est fermé, de même que celui de la Chine. La construction navale française représente 2 Milliards d'€, et emploie environ 50 000 personnes, avec une forte valeur ajoutée : nous ne pouvons pas lutter avec les gigantesques chantiers asiatiques organisés surtout pour la production en série à bas prix de porte-containers. Pour rester néanmoins compétitifs, il faut élargir les gammes de production, rationaliser, regrouper : c'est difficile. L'internationalisation suppose des transferts de technologies, tout en conservant la production d'engins de souveraineté. Globalement, il manque de volonté politique dans ce domaine.

Les participants se sont retrouvés à un cocktail pour continuer les discussions.

 

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